À l'origine, c'est un modeste monastère fondé au IXème siècle pour y accueillir la tête de Saint Jean-Baptiste, victime des raids vikings de cette époque, la relique disparaît au cours d'un pillage.
Vers 940, le comte Ragaire et l’évêque Eble de Limoges demandent au roi Louis IV (936 -†954), d’ordonner la reconstruction de l’abbaye. Le roi accède à la demande.
Le duc d’Aquitaine Guillaume-le-Grand (995- †1030), est inconsolable de la perte de la relique, celle-ci réapparaît en octobre 1010 lors d’un voyage à Rome du duc. La relique était cachée dans un mur en ruine… De grandes festivités sont organisées auxquelles sont conviées les grandes personnalités de l’époque. Le roi Robert le Pieu offre pour l’occasion une conque en or dans laquelle la tête est déposée. Le monastère et l’abbatial étant devenus trop exigus, le duc Guillaume d’Aquitaine ordonne la construction d’une nouvelle abbaye et charge Odilon de Cluny (962- †1030) de réorganiser la communauté monastique.
La mise en valeur de la relique de saint Jean-Baptiste par les bénédictins de Cluny entraîne une quasi obligation pour les pèlerins de se rendre à Saint-Jean d’Angély. Leur venue entraîne aussitôt une intense activité au sein du monastère et du petit bourg naissant. Très vite le village se développe en ville prospère et active.
Vers 1100, l’abbaye Saint-Jean Baptiste est à la tête de nombreux monastère et prieurés qui en fait la plus puissante filiale de Cluny.
En 1151, Aliénor d'Aquitaine épouse Henri Plantagenêt qui deviendra roi d’Angleterre, et prend possession de la ville sans se soucier de l’abbaye. Elle dote la ville de murailles et impose un sénéchal. Dans ce même temps, les dissensions entre Cluny et l’abbaye s’aggravent : Saint-Jean perd son autorité sur Saint-Cybard d’Angoulême.
Jusqu’en 1242, la région est touchée par des pillages de bandes autant au nom des rois de France que ceux d’Angleterre. Une de ces bandes est sans doute responsable de l’incendie de l’abbaye en 1234, détruisant du même coup l’abbatiale romane.
À la suite de l’incendie, vraisemblablement, débute un grand chantier pour la construction de l’abbatiale gothique, qui n'aboutira jamais. Ville frontière, Saint-Jean d’Angély doit dès 1330 repousser les attaques de bandes anglo-aquitaines. En 1336, le comte de Derby, duc de Lancastre met le siège devant la cité. Après une résistance de courte durée les bourgeois se rendent ; évitant les massacres et les destructions. En remerciement, Derby donnera même une forte somme d’argent à la ville et à l’abbé pour la réparation des dommages.
Les Guerres de Religions
Au début du XVIe siècle des émissaires venus de Genève et de Strasbourg arrivent dans la région. Ils propagent les idées de Calvin. Le terrain est favorable à la Réforme et ils convertissent une bonne part de la population. Mais bien vite, ce mouvement de simple réforme religieuse devient politique puis insurrectionnel.
En 1562, Charles IX tente d’apaiser la situation par l’ « Edit de Pacification » qui permet aux Réformés d’avoir un temple et un cimetière dans les faubourgs. Mais il est trop tard. Louis de La Rochefoucauld s’empare de la ville où un synode proclame le droit à la rébellion contre l’autorité catholique. En juin de la même année, une foule conduite par le maire envahit l’abbaye et se livre au pillage. Tout ce qui est combustible passe par les flammes : livres, statues, ornements et… reliques.
Quelques mois plus tard la ville est reprise par les papistes ; un procès des émeutiers est instruit. Les religieux reviennent tant bien que mal dans le monastère en ruine.
Les Réformés reprennent la ville une seconde fois en 1568 et détruisent méthodiquement les édifices religieux. Après un siège difficile, le roi reprend la ville un an plus tard. Au cours de ces événement, l’abbé Jean Chabot, indifférent aux destins des moines, jouit des revenus des possessions de l’abbaye et ne revient qu’à la fin des conflits en 1570.
À sa mort en 1572, il lègue les abbayes de Bassac et de Saint-Jean à son frère Guy, seigneur de Jarnac qui est Huguenot ! Les moines, eux, ne reviendront que trente ans plus tard…
L’assassinat d’Henri IV entraîne une dégradation de la situation tant pour la ville que pour l’abbaye. Les Réformés reprennent le pouvoir, en 1621, Louis XIII met le siège sous les murs de la cité. Prise, elle perd tous ses privilèges et même son nom. Elle devient Bourg-Louis pour un temps.
La reconstruction de l’Abbaye
Sous la conduite de prieur énergique, les moines entament la reconstruction d’une abbaye neuve malgré de graves problèmes financiers. Les travaux vont vite et dans le même temps, prieurés et fermes sont remis en état.
Ce n’est qu’en 1741 que le prieur, le R. P. Gardes, pose la première pierre de la nouvelle abbatiale telle que nous la connaissons. On commence les travaux par la façade, signe que le chœur est toujours debout.
Les travaux avancent de façon assez chaotique ; le manque d’argent provoque des interruptions…
En 1787, l’abbaye est à peu près dans le même état où nous la voyons aujourd’hui. L’aspect extérieur est identique à quelques détails près, seule l’affectation des pièces est différente. La façade de l’église et les murs de la nef sont tels qu’ils étaient avant 1789.
Cette année là voit l’effervescence qui couve depuis plusieurs années exploser en événements imprévisibles.
La Révolution de 1789
La révolution entraîne la suppression des ordres religieux et des vœux monastiques. Les biens du clergé sont «nationalisés», garantissant les émissions d’assignats.
En 1790, le District occupe une partie des bâtiments conventuels, les moines se réfugient dans les annexes. Et lorsque l’Assemblée vote la Constitution Civile du Clergé, les moines ont le choix entre deux options : retourner dans leur famille ou prêter serment constitutionnel et continuer l’exercice du culte avec un salaire et quelques avantages.
Les Bénédictins de Saint-Jean ne sont plus que seize. Deux prêtent serment et partent ; dix retrouvent leur famille. Les quatre autres continuent leur ministère et font ce qu’ils peuvent afin de retarder le moment du serment. En 1792, ils sont mis en demeure de prêter serment où de déguerpir. Ils s’exilent.
Que devient l’abbaye au départ des moines ?
L’église, devenue entre temps église paroissiale, est transformée en salle de réunion et bureau de vote. Plus tard on y installe le Temple de la vérité puis de la raison. En 1794, elle devient marché aux grains. Enfin, en 1797, s’installe une fabrique de salpêtre. Le Consulat la rend au culte protestant.
Les tours de façade de l’abbatiale inachevée sont transformées en prison. Dans ces quelques cellules seront enfermés des prisonniers jusqu’à la fin du XIXe siècle.
Quand au monastère, il subit des transformations mais souffre surtout de l’usage qu’en font les comités révolutionnaires peu soigneux.
Les vicissitudes du XIXe siècle
En 1804, le maire Griffon à l’idée de démonter les arcades du cloître et d’en faire une halle qui deviendra salle municipale. En 1813, elle devient séminaire mais un incendie la ravage quelques mois après. Enfin en 1882, l’abbaye devient collège d’état, lycée et à nouveau collège avant d’être rendue à la ville cent ans plus tard.
Pour plus d'infos : www.abbaye-royale-angely.com